© 1998 Bernard SUZANNE | Dernière mise à jour le 2 décembre 2001 |
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Cette page fait partie de la section « Outils » de la version française d'une site, Platon et ses dialogues (version anglaise : Plato and his dialogues), consacré à présenter une nouvelle interprétation des dialogues de Platon. La section « Outils » a pour objet de fournir des informations sur le contexte historique et géographique (chronologie, cartes, notices sur les personnes et les lieux) dans lequel ont vécu Socrate et Platon. De plus amples informations sur la structure des notices et les liens qu'elles proposent se trouvent dans la note introductive à l'index des personnes et des lieux.
Atlas était un géant, l'un des quatre fils du Titan Japet (lui-même fils d'Ouranos – le Ciel – et de Gaia – la Terre –, et donc frère ainé de Cronos) et de l'Océanide Clymèné (ou Asia, l'une et l'autre filles d'Océan et de Téthys).
Il avait pour frères Ménœtios (qui était si fier et brutal que Zeus le foudroya et le précipita dans le Tartare, comme il le fit avec son père et tous les Titans), Prométhée et Épiméthée (voir Hésiode, Théogonie, 507, sq).
Il prit part au combat entre les Dieux et les Géants et, pour le punir, Zeus le condamna à porter la voûte du ciel sur ses épaules.
On disait qu'il vivait dans l'extrême Occident, au pays des Hespérides (qui passaient pour ses filles, qu'il aurait eu de sa femme Hespéris), près du mont Atlas (qui, dans des traditions ultérieures, était présenté comme une métamorphose d'Atlas lui-même, changé en pierre par Persée avec la tête de la Gorgone Méduse), et c'est là que le rencontra Heraclès, pour qui il cueillit les Pommes d'Or pendant que ce dernier le remplaçait pour porter les cieux.
Avec Pléioné, une fille d'Océan et de Téthys, Atlas fut le père des Pléiades et des Hyades.
Dans son Enquête, IV, 184, Hérodote mentionne un Mont Atlas si haut que son sommet était toujours caché par les nuages si bien qu'il était impossible de l'apercevoir, et que les habitants de la région, appelés Atlantes, présentaient comme la colonne supportant les cieux.
Il ajoute que ces Atlantes sont le dernier peuple dont il connaît le nom sur la route vers l'ouest qui va de la Libye aux Colonnes d'Hercule (la frontière occidentale du monde connu des grecs), et il est le premier auteur connu à employer le nom d'« Océan Atlantique » pour désigner la mer qui est au delà des Colonnes d'Hercule (Enquête, I, 202).
Hérodote ne mentionne pas le héros Atlas dans sa description des montagnes Libyennes, mais, à la manière dont il présente l'histoire, avec la mention de cette montagne qui soutient les cieux, on ne peut s'empêcher de penser qu'il propose là une version « rationalisante » de la légende.
Platon mentionne Atlas dans le Phédon, 99c, dans le contexte de l'autobiographie intellectuelle de Socrate et de la déception qu'il éprouva envers Anaxagore et les physiciens qui pensent qu'ils pourront « trouver un jour un Atlas plus fort et plus immortel et tenant mieux toutes choses ensemble ». Mais Atlas est avant tout chez Platon celui qui donne son nom à l'Atlantide, cette île mythique que Critias oppose à Athènes dans le récit qu'il développe dans le dialogue qui porte son nom (voir Critias, 114a, où Atlas est présenté comme le fils premier né de Poséidon et le premier roi de l'Atlantide, donnant son nom à l'île et à la mer qui l'entoure, appelée océan Atlantique). Il est très possible que Platon ait eu présent à l'esprit le passage mentionné ci-dessus d'Hérodote lorsqu'il composa son mythe de l'Atlantide. Et sa transformation du pays d'Atlas en « une île plus grande que la Libye et l'Asie réunies » (Timée, 24e) pourrait bien être une allusion voilée aux rêves de conquête d'Alcibiade, évoqués par Socrate en Alcibiade, 105a-c et décrits plus clairement encore par Thucydide dans ses Histoires, VI, 15, 2, lorsqu'il introduit la réponse d'Alcibiade à Nicias à l'assemblée, et plus loin, en Histoires, VI, 90, 2, par la bouche même d'Alcibiade s'adressant aux Spartiates après qu'il ait fui dans leur cité pour échapper aux poursuites que lui avaient valu à Athènes les affaires de la mutilation des Hermès et des parodies de Mystères. L'île de Sicile, qui devait, dans les rêves d'Alcibiade, constituer la première étape d'un plan de conquête de tout l'Occident, prend chez Platon des proportions gigantesques, devenant à elle seule plus grande que la Libye et l'Asie réunies : la Libye, pays dans lequel était situé Carthage et dont le Mont Atlas constituait dans la géographie d'Hérodote la limite extrème ; et l'Asie, pays des rois (les souverains de Perse) qu'Alcibiade désirait si ardemment surpasser. Elle a maintenant été transportée par Platon au delà des limites du monde qu'Alcibiade envisageait de conquérir, comme pour lui dire qu'il n'y a pas de fin à de tels rêves de conquête et au monde où ils peuvent se déployer, et a pris le nom de ce qui n'était pour Hérodote que le commencement du monde inexploré (Enquête, IV, 185). Ainsi donc, en prétendant donner vie au rêve de Socrate d'animer la cité de la République (voir Timée, 19c et 26c-d), Critias ne fait que donner des proportions mythiques au rêve (envolé) d'Alcibiade, le repoussant dans un lointain passé où il se serait en fait déjà réalisé, pour le faire sevir de fondement à un nouvel impérialisme athénien... Ainsi donc, dans une telle lecture, Alcibiade et Critias, qui ouvrent et ferment respectivement la première tétralogie comme interlocuteurs de Socrate (Alcibiade dans le dialogue qui porte son nom, Critias comme interlocuteur principal de Socrate dans le Charmide), se rejoignent subrepticement pour se prêter main forte dans la dernière trilogie dans leur effort pour désamorcer une fois pour toutes l'idéal de Socrate avant de se voir clouer le bec au milieu de cette trilogie par l'interruption, délibérée de la part de Platon, du Critias, conçue comme un « test » (krisis) du lecteur au terme du voyage à travers les dialogues : il y a maintenant d'un côté ceux qui rêvent d'une Atlantide mythique qui n'a jamais existé en dehors des discours de Critias et de l'esprit de Platon, et qui passent le reste de leur vie à chercher à localiser son emplacement « physique », ou qui rêvent d'un âge d'or qui n'a jamais existé, ou, pire encore, qui imitent Critias et confectionnent des « mythes » pour duper les foules et les entraîner dans des aventures hasardeuses dont le seul but est d'affermir leur propre pouvoir, et de l'autre côté ceux qui sont prêts à suivre Platon sur les pentes brûlées par le soleil du Mont Ida en passant aux Lois pour y trouver un exemple de ce qu'ils devraient faire ici et maintenant dans le monde réel qui est le leur pour répondre à l'appel de Zeus.
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Première publication : en anglais :
4 janvier 1998 ; en français : 26 juin 1999 - Dernière
mise à jour le 2 décembre 2001
© 1998, 1999 Bernard
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