© 1999 Bernard SUZANNE Dernière mise à jour le 1er mai 1999
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La république
(4ème tétralogie : L'âme - 2ème dialogue de la trilogie)

Les plans de la République

Note : les chiffres entre parenthèses après les références à la pagination de l'édition Estienne pour le début et la fin de chaque section ou sous-section donnent le nombre approximatif de pages de cette édition pour la section ou sous-section.

Le plan « visible » de la République

Introduction : les cinq défis
         Prologue : le contexte
     -- Céphale : ambiguïté, justice sociale, peur de l'Hadès
     -- Polémarque : incertitude, à chacun son dû
     -- Thrasymaque : duplicité, loi du plus fort, justice pour les autres
     -- Glaucon : échapper à sa responsibilité, justice comme mal nécessaire, Gygès
     -- Adimante : faux semblants, ambiguïté des poètes, exemple des dieux
327a-367e (37)
327a-328c ( 1)
328c-331d ( 3)
331d-336a ( 4)
336b-354c (18)
357a-362c ( 5)
362d-367e ( 5)
I. La construction de la cité idéale
     -- Genèse de la cité
     -- Éducation des gardiens
     -- Administrateurs et lois de la cité
367e-427c (56)
367e-376c ( 9)
376c-412b (34)
412c-427c (13)
II. Justice dans la cité et dans l'âme
     -- Justice dans la cité
     -- Les trois parties de l'âme
     -- Justice dans l'âme
427c-445e (18)
427d-434c ( 7)
434d-441c ( 7)
441c-445e ( 4)
A. 1ère vague : même éducation pour les hommes et les femmes
           (Contre Céphale : « phusis » vs. « ousia »)
449a-457c ( 8)
 
B. 2ème vague : communauté des femmes et des enfants
           (Contre Polémarque : « tout en commun » vs. « chacun son dû »)
457d-471c (14)
 
C. 3ème vague : le philosophe-roi
     1. Le philosophe et la cité
           (Contre Thrasymaque : sagesse vs. force)
     2. L'aspiration au bien
           (Contre Glaucon : la caverne vs. Gygès)
     3. L'éducation du philosophe-roi
           (Contre Adimante : dialectique vs. poésie)
471c-543c (63)
471c-502c (26)

502c-521b (17)

521c-543c (20)
 
III. Corruption de la cité et de l'homme
     -- De la timocratie suivie de l'oligarchie...
     -- ...à la démocratie suivie de la tyrannie
543c-580c (35)

Conclusion : les cinq réponses
     -- À Polémarque : chaque partie son dû
     -- À Céphale : vraie et fausse « ousia »
     -- À Thrasymaque : la force apprivoisée
     -- À Adimante : vrais et faux maîtres
     -- À Glaucon : à chacun le sort qu'il s'est choisi
580d-621d (38)
580d-583a ( 3)
583b-588a ( 5)
588b-592b ( 4)
595a-607b (12)
607b-621d (14)

D'après le plan ci-dessus, la République est composée de trois ensembles imbriqués les uns dans les autres :

On retrouve à tous les niveaux de ce plan une structure ternaire inspirée par la structure tripartite de l'âme introduite au milieu de la section médiane de la discussion médiane : une partie (en fait plurielle) désirante, passionée, les epithumiai, qui est le « reflet » en nous de la nature, phusis, de la matière, de la dimension biologique de notre être et de tout ce qui s'y apparente ; une partie raisonante, le logos, qui nous rend capables d'avoir part à l'intelligible, à l'ordre, aux « idées » qui sont hors du temps et de l'espace, au « divin » ; et, entre les deux, une partie médiane, le thumos, aparenté à la volonté, sphère du choix, du jugement, de la décision et de tout ce qui s'y apparente.

Ceci dit, force nous est de constater que le plan que nous venons de commenter, bien qu'il s'appuie sur des divisions claires dans les sujets traités et des indications explicites dans le texte (d'où son titre de plan « visible »), est quelque peu « déséquilibré » et « unilatéral ». Il met l'accent sur les ruptures plus que sur la continuité et ne respecte pas la symétrie et la proportion des différentes parties (en termes de taille des sections mesurées en nombre de pages Estienne) que l'on retrouve si souvent dans les dialogues de Platon. En outre, il est intégralement fondé sur l'analogie avec la structure tripartite de l'âme, qui n'est qu'un aspect de toute cette histoire.

Un examen plus attentif du dialogue montre que l'on peut trouver une autre manière de combiner les mêmes « briques élémentaires », qui gomme les discontinuités et introduit une symétrie parfaite dans le plan, en s'appuyant maintenant sur l'analogie de la ligne, image de la structure doublement duelle du tout qui fait contrepoint à la structure tripartite de l'âme. Cette nouvelle manière de regarder la même « matière » avec les yeux de l'esprit et non plus seulement les yeux et les oreilles du corps, est présentée ci-dessous sous le titre de plan « intelligible » de la République. En jouant ainsi avec la forme de son dialogue, superposant plusieurs structures les unes au dessus des autres, Platon nous parle tout autant qu'à travers les mots, illustrant les distinctions dont il nous parle entre « mondes » visible et intelligible, et entre les différentes parties de l'âme tripartite, à ceci près qu'il parle à notre esprit et compte sur notre participation active au décryptage du dialogue. Et il nous montre ainsi qu'il n'y a pas deux « mondes » distincts, mais deux manières différentes de comprendre un unique monde à la fois visible et intelligible. Il y a des mots perceptibles par nos sens, et il y a des « formes », des « idées » derrière ces mots, qui donne logos (sens) à ces logoi (discours).


Le plan « intelligible » de la République

Introduction : les cinq défis
         Prologue : le contexte
     -- Céphale : ambiguïté, justice sociale, peur de l'Hadès
     -- Polémarque : incertitude, à chacun son dû
     -- Thrasymaque : duplicité, loi du plus fort, justice pour les autres
     -- Glaucon : échapper à sa responsibilité, justice comme mal nécessaire, Gygès
     -- Adimante : faux semblants, ambiguïté des poètes, exemple des dieux
327a-367e (37)
327a-328c ( 1)
328c-331d ( 3)
331d-336a ( 4)
336b-354c (18)
357a-362c ( 5)
362d-367e ( 5)
I. La construction de la cité idéale
     -- Genèse de la cité
     -- Éducation des gardiens
     -- Administrateurs et lois de la cité
367e-427c (56)
367e-376c ( 9)
376c-412b (34)
412c-427c (13)
II. Justice dans la cité et dans l'âme
     -- Justice dans la cité
     -- Les trois parties de l'âme
     -- Justice dans l'âme
427c-445e (18)
427d-434c ( 7)
434d-441c ( 7)
441c-445e ( 4)
     Les conditions de faisabilité
             « Les gens ne croiront pas que ce que je dis est faisable » (450c)
449a-502c (49)
 
      1. «  Phusis » : même éducation pour les hommes et les femmes
      2. « Koinônia » : communauté des femmes et des enfants
449a-457c ( 8)
457d-471c (14)
            Le paradigme : le philosophe-roi
             « N'est-il pas naturel que l'action ait une moindre part à la vérité que le discours ?  » (473a)
471c-474c ( 3)
 
      3. «  Dunamis » : science vs. opinion, philosophe vs. philodoxe
      4. « Theou moira » : le philosophe et la foule
             « Notre modèle de législation, s'il est réalisable, est le meilleur,
                et, quoique difficile à mettre en pratique, pas impossible
 » (502c)
474d-480a ( 6)
484a-502c (18)
 
 
III. L'aspiration au bien
     -- L'image du bien
     -- L'analogie de la ligne : ordres visible et intelligible
     -- La caverne : le paradigme de l'éducation
502c-521b (17)
502c-509b ( 7)
509c-511e ( 2)
514a-521b (7)
IV. Le devenir de la cité et de l'homme
     -- Éducation du philosophe-roi (monarchie)
     -- De la timocratie suivie de l'oligarchie...
     -- ...à la démocratie suivie de la tyrannie
521c-580c (55)
521c-543c (20)
543c-555a (12)
555b-580c (23)
Conclusion : les cinq réponses
     -- À Polémarque : chaque partie son dû
     -- À Céphale : vraie et fausse « ousia »
     -- À Thrasymaque : la force apprivoisée
     -- À Adimante : vrais et faux maîtres
     -- À Glaucon : à chacun le sort qu'il s'est choisi
580d-621d (38)
580d-583a ( 3)
583b-588a ( 5)
588b-592b ( 4)
595a-607b (12)
607b-621d (14)

Ce plan n'est plus construit autour du seul nombre impair trois (le nombre de l'âme), mais aussi autour des nombre pairs deux et quatre (les nombres de la ligne). Il ne remet pas en cause le point de vue sur l'« enveloppe externe » (l'introduction et la conclusion), mais se contente de réorganiser les deux blocs qui constituent ensemble le corps du dialogue, sans se laisser perturber par l'histoire des trois vagues qui nous a guidés dans le premier plan proposé. Il se déploie dans une parfaite symétrie de part et d'autre du centre « matériel » du dialogue, où l'on trouve le message central de celui-ci, qui se trouve être aussi le message central de l'ensemble des dialogues pris comme un tout (la République est le dialogue médian de la triloge médiane, c'est-à-dire le centre logique de l'œuvre dans son ensemble) : « À moins que les philosophes ne deviennent rois dans les cités ou que ceux qui sont pour lors appelés rois et puissants ne se mettent à philosopher sincèrement et adéquatement, et que cela ne se trouve réuni dans la même personne, à savoir, la puissance politique et la philosophie, ceux en grand nombre que leur nature porte vers l'un à l'exclusion de l'autre ayant été écartés par la contrainte, il n'y aura de cesse aux maux des cités, mon cher Glaucon, ni même, je crois, à ceux de l'espèce humaine. » (République, V, 473c-d)

L'essentiel de la réorganisation résulte d'une analyse plus serrée de la longue section sur le philosophe-roi qui constitue la « troisième vague », ce qui ne devrait pas être pour nous surprendre puisque, selon nos premières analyses, dont la validité n'est pas plus remise en cause par ce second plan que le monde visible n'est nié au profit du monde intelligible, cette section est supposée nous fournir le logos du logos de la discussion : le bloc constitué par l'ensemble des trois vagues, loin d'être un corps étranger dans le dialogue, se situe, par rapport aux deux autres blocs du dialogue, dans la relation du logos par rapport aux deux autres parties de l'âme (c'est-à-dire au niveau des principes d'intelligibilité par rapport au plan du thumos, de l'action et de la décision représenté par la partie qui développe l'histoire de la cité, et au plan des epithumiai, du lien avec le monde sensible, représenté par les sections introductives et conclusives) ; et, dans ce bloc, la troisième vague se situe au plan du logos et de son rôle dans l'âme et dans la société. Nous avons déjà vu dans les analyses précédentes que la discussion qui constitue la troisième vague pouvait être découpée en trois parties. Il nous reste à voir comment la première se rattache à ce qui précède et la troisième à ce qui suit, pour justifier le nouvel ordonnancement des sections.

Il nous devient maintenant possible de voir comment ces deux principes se combinent pour organiser ce plan de la République. Chaque moitié du dialogue progresse en trois « vagues » en directions opposées, mais ce ne sont pas les trois vagues que Socrate met en évidence :

(Une autre version de ces plans est disponible, qui montre la distribution des rôles entre Adimante, Glaucon et les autres interlocuteurs)


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Première publication en anglais le 14 août 1996 ; en français,le 1er mai 1999 ; dernière mise à jour le 1er mai 1999
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